Ablation d'arythmie cardiaque : froid ou chaud ? Telle est la question !
L’ablation d’arythmie cardiaque est une technique qui a fait son apparition depuis une trentaine d’année. Elle a été inventée par une équipe française à Paris.
Un peu comme la tarte Tatin, c’est suite à une erreur de manipulation que son génial inventeur a permis cette découverte qui a révolutionné la prise en charge des troubles du rythme du coeur.
Le principe est de réaliser de microlésions sur les parties du cœur responsables des arythmies afin de les rendre inactives.
Initialement réalisées par radiofréquence (chaud), on peut également les pratiquer par cryothérapie (froid) depuis quelques années.
Quel est le principe de l’ablation ?
En pratique, il s’agit d’une technique qui consiste à agir directement sur le cœur afin d’en modifier son comportement électrique.
Le cœur est constitué d’une part de cellules musculaires qui se contractent et d’autre part de cellules électriques qui servent à diriger l’influx nerveux en son sein.
Lorsque ces deux familles de cellules sont normales, le rythme électrique du cœur se comporte de façon normale.
Lorsque l’une ou l’autre de ces familles de cellule comportent des anomalies, celle-ci peut engendrer un désordre électrique dans le cœur qu’on appelle arythmie.
Le principe de l’ablation consiste donc à aller agir directement avec une sonde afin de corriger les anomalies du tissu musculaire ou du tissu électrique du cœur.
Comment se déroule une ablation d’arythmie ?
Il s’agit d’une intervention réalisée très couramment à l’institut mutualiste Montsouris. Elle peut être réalisée soit sous anesthésie locale avec sédation soit sous anesthésie générale.
Elle est totalement indolore.
Le patient est installé en salle d’électrophysiologie puis mise en place de l’anesthésie, le cardiologue-rythmologue pratique une anesthésie locale au niveau du plis de l’aine.
Ensuite, il met en place dans la veine fémorale une perfusion (sorte de petit tuyau relié à la veine) qui va permettre d’introduire la sonde d’ablation (ou cathéter).
Par la suite il fait avancer la sonde le long de la veine afin qu’elle arrive jusqu’au cœur. Le cardiologue-rythmologue va ainsi pouvoir traiter les zones anormales dans le cœur du patient. Par la suite, il n’y aura pas de cicatrice visible ni de convalescence nécessaire.
Par exemple, à l’institut mutualiste Montsouris, nous avons mis en place des techniques afin que la grande majorité des interventions soit réalisée soit en ambulatoire soit au cours d’une courte hospitalisation de 24 heures.
Deux stratégies d’ablation d’arythmie : soit on détruit la source d’arythmie soit on « l’emprisonne ».
Destruction de la zone responsable de l’arythmie.
Comme nous l’avons évoqué plus haut, la cause de l’arythmie peut se situer soit dans le muscle cardiaque soit dans le réseau électrique qui le parcourt.
Les anomalies de structure peuvent être responsables d’arythmie (séquelle d’infarctus, nerfs « en trop »).
En réalisant une cautérisation de la zone malade, on supprime ainsi l’arythmie. Par exemple, cela concerne les flutter atriaux, les extrasystoles ventriculaires, les tachycardies ventriculaires, les maladies de Bouveret etc…
Parfois on peut également rencontrer ce que l’on appelle des « foyer automatique ». Il s’agit de zones saines mais anormalement actives sur le plan électrique. Sur le même principe, la cautérisation de ces petits foyers automatiques permet la suppression des arythmie.
Lorsque la zone responsable ne peut être cautérisée, il faut « l’emprisonner».
Dans certains cas, les arythmies prennent naissance dans les vaisseaux branchés au cœur. Il s’agit souvent d’une multitude de petits foyers électriques qui envoient des décharges électriques anarchiques. Leur cautérisation serait bien trop difficile et bien trop fastidieuse.
Dans ce cas-là, l’opérateur réalise ce que l’on appelle une « isolation électrique » du vaisseau responsable.
En pratique, il fait le tour du vaisseau en réalisant des petits point de cautérisation contigus qui vont réaliser une « barrière » hermétique à l’arythmie.
Ainsi, l’arythmie est toujours fabriquée dans le vaisseau mais elle est bloquée par cette barrière et ne se propage ainsi plus au cœur. Ceci est particulièrement le cas dans le traitement de la fibrillation atriale.
Finalement : cryothérapie ou radiofréquence ?
Comme nous l’avons vu plus haut, le principe est de provoquer une petite lésion afin de rendre le tissu responsable de l’arythmie inactif.
Pour cela, on va positionner un cathéter qui présente une électrode à son extrémité.
Cette électrode permet de délivrer soit du froid (-50°C), soit de la radiofréquence qui va provoquer un échauffement du tissu (+50°C). Ceci va provoquer une cautérisation du tissu et ainsi la correction de l’arythmie.
Les deux techniques présentent chacune des avantages et des inconvénients.
Une des différences majeures réside dans le fait que la technique de cryothérapie nécessite l’utilisation d’une caméra à rayons X alors que cela n’est pas obligatoire pour la technique par radiofréquence.
En pratique, une ablation de fibrillation atriale par cryothérapie nécessite en moyenne 13 minutes d’exposition aux rayons X. À l’Institut Mutualiste Montsouris, nous avons développé une technique innovante qui permet de ne pas utiliser de caméras à rayons X lors des ablations de fibrillation atriale par radiofréquence.
Outre le fait que la radiofréquence soit réputée pour être plus efficace sur les arythmies, elle permet dans certains cas de diminuer drastiquement la dose de rayons X administré au patient ce qui est particulièrement important pour les patients jeunes ou les femmes enceintes.
2 réponses
Bonjour je suis âge de 57 ans je suis atteint d une FA.
J ai subi une intervention a l hôpital americain par radiofréquence.
Mon Fa est réapparu après 7 jours..
Pouvez vous m aidez ou me conseillez .que dois je faire.
Les traitement médicamenteux n ont aucun effet.
Merci dans l attente d une réponse.
Bonjour,
Merci pour votre message. La période de cicatrisation de l’oreillette dure de 3 à 6 mois. Cela est normal ne vous inquiétez pas. Reconsultez votre rythmologue qui va vous rassurer.
Dr Olivier VILLEJOUBERT